Surpopulation carcérale : en 2025, l’Ouest français atteint ses limites

Jamais les prisons françaises n’avaient connu une telle pression. En 2025, la surpopulation atteint un niveau inédit et les établissements de l’Ouest en portent une part lourde. À Nantes, Rennes comme à Brest, les murs se resserrent et les marges disparaissent.

Prisons surchargées
Prisons surchargées

L’année 2025 restera comme celle où la population carcérale française a franchi un nouveau cap. Plus de quatre-vingt-quatre mille personnes sont incarcérées pour un peu plus de soixante-deux mille places disponibles. Dans les maisons d’arrêt, où se concentrent prévenus et courtes peines, la densité atteint des niveaux qui n’avaient encore jamais été observés. Cette tension générale glisse vers l’Ouest et s’y accroche, révélant des établissements saturés et des équipes pénitentiaires à bout.

Nantes : un record qui marque un tournant

Le 1ᵉʳ décembre 2025, la maison d’arrêt de Nantes franchit un seuil que personne n’avait imaginé atteindre. Près de mille hommes y sont enfermés, pour une capacité initiale de quatre cent vingt places. À cela s’ajoutent plusieurs dizaines de personnes en attente d’affectation qui, faute de solutions, prolongent une situation déjà hors norme. Les cellules débordent, les mattress au sol se multiplient et l’établissement se retrouve confronté à une densité qui bouscule chaque rouage du quotidien. Ce record n’est pas seulement un chiffre : il devient le symbole d’une prison qui ne parvient plus à absorber les flux qui la traversent.

Brest : une maison d’arrêt qui étouffe elle aussi

Quelques mois plus tôt, à Brest, les surveillants tirent la sonnette d’alarme. Au début du mois de mai, l’établissement compte plus de quatre cent cinquante détenus pour à peine deux cent cinquante places. Les cellules exiguës accueillent parfois trois hommes et le sol se transforme en espace de couchage faute de lits disponibles. L’atmosphère se tend, la promiscuité alimente les tensions et le personnel décrit une détérioration rapide des conditions de vie, comme si la prison, elle aussi, manquait d’air.

Rennes-Vezin : un centre pénitentiaire tout aussi sous tension

Le centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, situé à Vezin-le-Coquet, offre sur le papier une capacité théorique de 716 à 690 places selon les quartiers. Mais dès les premiers mois de 2025, l’établissement dépasse largement cette limite. Selon un rapport de février 2025, 843 détenus y sont incarcérés pour 686 places — situation qui conduit certains à dormir sur des matelas posés à même le sol. Les conséquences sont lourdes : promiscuité, insalubrité, tension permanente entre détenus et surpopulation chronique d’un quartier censé garantir au moins un peu d’espace.

Un système fragilisé qui cherche encore ses solutions

Nantes et Brest ne sont pas des exceptions isolées, mais les reflets les plus visibles d’une mécanique qui se grippe. Malgré les projets d’extension et les annonces de créations de places supplémentaires, la réalité quotidienne montre un écart persistant entre les besoins et les capacités. La surpopulation progresse plus vite que les réponses apportées, laissant les équipes pénitentiaires naviguer dans un équilibre toujours plus précaire.

Au-delà des murs, une alerte qui persiste

L’année 2025 rappelle avec force que la question carcérale ne peut plus être reléguée à l’arrière-plan. Les situations observées à Nantes et à Brest dressent le portrait d’un système qui atteint ses limites. Une pression silencieuse, mais constante, qui interroge autant la gestion des établissements que la manière dont la société souhaite penser la détention.

Publié : 9h04 par Gwen Brot

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