Procès Le Scouarnec : vingt ans requis contre l'ex-chirurgien auteur d'agression sexuelle sur 299 victimes
Après treize semaines d’audience à Vannes, le ministère public a requis vingt ans de réclusion criminelle contre l’ancien chirurgien accusé de centaines de violences sexuelles.
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Depuis fin février, la cour criminelle de Vannes est le théâtre d’un procès d’une rare intensité. L’accusé, un ancien professionnel de santé, est jugé pour 111 viols aggravés et 189 agressions sexuelles aggravées sur mineurs, commis sur plus de trois décennies. Le ministère public, représenté par l’avocat général, a requis ce vendredi 23 mai une peine maximale : vingt ans de réclusion criminelle, assortie de deux tiers de sûreté, d’un suivi sociojudiciaire de vingt ans, et d’une éventuelle rétention de sûreté à l’issue de la peine.
Ces réquisitions viennent conclure un long marathon judiciaire marqué par une reconnaissance tardive mais complète des faits par l’accusé, et les témoignages bouleversants des nombreuses victimes qui se sont succédé à la barre.
Une justice ferme mais avec des limites
L’avocat général a souligné à l’audience l’absence de pathologie psychiatrique chez l’accusé, écartant l’excuse de la folie au profit d’une responsabilité pleine et entière. Il a également insisté sur l'inaction passée de certaines instances judiciaires et médicales, pointant la responsabilité collective dans la capacité de l’accusé à agir si longtemps en toute impunité.
Le réquisitoire a mis en lumière les failles d’un système qui, en 2005 déjà, n’avait pas imposé de mesures de contrôle médical ni d’interdiction d’exercice, malgré des soupçons existants. Une analyse partagée par une enquête parallèle ouverte pour non-empêchement de crime, encore en cours à Lorient.
Un verdict attendu, un dossier loin d’être clos
Le verdict est attendu pour mercredi, après que la cour aura répondu aux 861 questions soumises au débat. Mais l’affaire ne s’arrêtera pas là. Le parquet poursuit ses investigations, notamment sur le rôle éventuel de personnes ayant pu avoir connaissance de certains faits. Un futur procès semble probable, au vu des éléments révélés durant l’audience.
Par ailleurs, les répercussions de cette affaire se font déjà sentir au-delà du tribunal. Elle soulève de sérieuses interrogations sur les dispositifs de signalement et de contrôle dans les milieux médicaux. La prise de conscience, espérée par les victimes, reste à confirmer sur le plan politique et institutionnel.
Publié : 23 mai 2025 à 18h05 par Titouan GUIBERT