Procès Le Scouarnec : 20 ans de prison pour une prédation médicale hors norme
Au terme de treize semaines d’audience à Vannes, la cour criminelle a condamné ce mercredi 28 mai Joël Le Scouarnec à vingt ans de réclusion criminelle. Reconnu coupable de centaines de viols et d’agressions sexuelles, l’ancien chirurgien échappe toutefois à la rétention de sûreté.
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Vingt ans de prison. C’est la peine maximale que la cour criminelle spécialement composée a prononcée contre l’ancien chirurgien, reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur 299 victimes sur plus de trente ans. La peine est assortie d’une période de sûreté des deux tiers et d’un suivi sociojudiciaire de vingt ans. D’autres interdictions complémentaires ont été prononcées : inéligibilité, interdiction d’exercer toute activité en lien avec des mineurs ou dans le domaine médical, interdiction de détenir un animal.
Mais à la surprise de nombreux observateurs, la rétention de sûreté, pourtant requise par le ministère public, n’a pas été retenue par la cour. Ce choix a immédiatement suscité des réactions vives parmi les parties civiles.
Une audience historique, un prédateur jugé
Depuis le 24 février, la cour de Vannes a plongé dans l’histoire glaçante de l’un des plus grands scandales de violences sexuelles en France. Pendant 57 jours, des dizaines de victimes, aujourd’hui adultes, sont venues témoigner avec courage, décrivant les faits subis dans leur enfance, souvent dans un contexte médical où la confiance devait être la norme.
Le profil de l’accusé, son absence d’émotion manifeste et la froideur de ses écrits ont marqué le procès. Dans son verdict, la présidente de la cour a rappelé la gravité des faits, la vulnérabilité des victimes ciblées, et la position de confiance exploitée pour commettre les crimes.
Colère et amertume chez les victimes
Malgré la sévérité apparente de la condamnation, de nombreuses victimes expriment un sentiment d’inachevé. L’absence de rétention de sûreté – une mesure de contrôle post-carcéral très encadrée – est perçue comme un risque pour l’avenir. Pour plusieurs parties civiles, cette décision ne garantit pas une protection suffisante en cas de libération anticipée.
Certaines victimes ont salué le courage collectif et l’écoute de la justice, mais beaucoup dénoncent un manque d’écoute réelle des attentes exprimées durant les audiences. « Nous avons été entendus mais pas écoutés », déclare une victime. D’autres évoquent un sentiment d’abandon face à la dangerosité du profil reconnu par la cour elle-même.
Une enquête distincte reste ouverte sur les personnes ayant pu avoir connaissance des agissements sans les empêcher. Ce volet pourrait déboucher sur un second procès.