Isolement des aînés : 750 000 seniors en « mort sociale » en France

En 2025, 750 000 personnes âgées en France vivent sans aucun contact régulier avec leur famille, leurs amis, leurs voisins ou des associations. C’est le constat alarmant du dernier baromètre* des Petits frères des pauvres, publié à la veille de la journée internationale des personnes âgées. En huit ans, la proportion de seniors touchés est passée de 2 à 4 % de la population des plus de 60 ans.

Les causes : vieillissement, Covid et précarité

L’étude explique cette progression par plusieurs facteurs : le vieillissement démographique, l’impact durable de la crise sanitaire sur les relations sociales et la hausse de la pauvreté. Les plus démunis sont les premiers concernés : 9 % des personnes âgées pauvres sont en situation de « mort sociale », contre 6 % des plus de 80 ans.

Des liens fragilisés au quotidien

Au-delà des cas les plus extrêmes, près d’un senior sur trois déclare ne voir quasiment jamais sa famille, ses voisins ou ses amis. Les contacts avec les commerçants, soignants ou services à domicile s’effritent eux aussi. Même le numérique, qui avait permis de maintenir du lien durant le Covid, recule : 27 % des personnes âgées n’utilisent plus internet, souvent pour des raisons financières.

Un enjeu de société urgent

Au total, près de 6 millions de personnes âgées disent souffrir de solitude, dont 2,5 millions au quotidien. L’association appelle l’État à agir face à ce qu’elle qualifie d’« explosion de l’isolement social », en lançant une véritable politique du grand âge. Elle plaide aussi pour un meilleur repérage des seniors isolés et une prise en compte du coût économique de cette solitude, estimé à plusieurs milliards d’euros par an.

* Etude quantitative réalisée auprès d'un échantillon national représentatif composé selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et catégorie d’agglomération de résidence. Questionnaire administré par téléphone du 7 avril au 24 avril 2025 auprès de 1 860 individus âgés de 60 ans et plus vivant en France métropolitaine ainsi qu'en Martinique et en Guadeloupe. Sont considérées en situation de 'mort sociale' les personnes ayant déclaré n'avoir 'jamais', qu''une fois dans l'année, ou moins souvent' un contact physique avec un ami, un parent extérieur au foyer, un acteur associatif ou un voisin au-delà d'un simple échange de politesse.