Interdiction des portables au lycée : Emmanuel Macron lance un défi impossible ?

Le président veut bannir les smartphones des lycées dès la rentrée prochaine, mais l’application de la mesure soulève déjà de nombreux doutes.

Emmanuel Macron annonce l’interdiction des portables au lycée
Emmanuel Macron annonce l’interdiction des portables au lycée
Crédit : Unsplash

Emmanuel Macron a créé la surprise ce vendredi 28 novembre en annonçant sa volonté d’interdire les téléphones portables dans tous les lycées « à partir de la rentrée prochaine ». Une décision présentée comme une réponse urgente aux effets des écrans sur la concentration, la sociabilité et la santé mentale des adolescents.

L’Élysée confirme une entrée en vigueur pour l’été 2026. Reste une question : comment appliquer concrètement une interdiction aussi ambitieuse ?

Une extension du dispositif déjà en place au collège

Depuis la rentrée 2025, la fameuse « pause numérique » se généralise dans les collèges. À l’entrée, les élèves déposent leur téléphone dans des casiers, des boîtes dédiées ou des pochettes scellées qu’ils ne peuvent rouvrir qu’en quittant l’établissement.
Selon le ministère, les premiers retours sont encourageants : moins d’incidents liés au portable, davantage d’attention en classe, un climat scolaire apaisé.

Mais transposer ce modèle au lycée n’a rien d’évident. Les adolescents y circulent plus librement, changent davantage de salles et utilisent leurs téléphones pour s’organiser, se déplacer ou communiquer avec leurs familles. Début septembre, deux tiers des établissements déclaraient déjà ne pas appliquer strictement la pause numérique… alors imaginer un contrôle généralisé au lycée relève pour beaucoup du casse-tête.

Terrain sceptique, moyens limités

Le président assure que « la mesure marche plutôt bien, parce que c'est une interdiction nationale, assumée ». Sur le terrain, le discours est plus nuancé.
Syndicats et enseignants rappellent l’impossibilité matérielle de contrôler des centaines d’élèves chaque matin — et encore moins à chaque changement de cours. Dans la pratique, l’efficacité repose largement sur le sens de la discipline… et la bonne volonté des adolescents.

Et un autre paradoxe s’ajoute : l’école utilise aujourd’hui massivement des outils numériques. Recherches rapides, exercices en ligne, accès à l’ENT, applications pédagogiques… De nombreux professeurs encouragent déjà l’usage ponctuel du smartphone en classe. Interdire totalement le portable reviendrait à restreindre des pratiques devenues courantes.

Une mesure populaire en politique, moins dans la société

La députée Laure Miller a récemment relancé le débat avec une proposition similaire, signe qu’un consensus politique semble émerger autour du sujet.
Mais du côté du public, les réactions sont plus divergentes : des parents inquiets, qui voient le portable comme indispensable aux trajets et à la sécurité, des lycéens sceptiques face à une interdiction qu’ils jugent irréaliste ou encore des enseignants tiraillés entre volonté de réduire les distractions et usage croissant du numérique éducatif.

Une impression domine : on demande une nouvelle fois à l’école de résoudre un défi très complexe, sans être certaine d’en avoir les moyens.

Publié : 18h55 par Titouan GUIBERT

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