Maire un jour… mais pas toujours : une vague inédite de démissions secoue les communes françaises
Depuis les municipales de 2020, la République vacille sur ses fondations locales. Près de 2.200 maires ont démissionné avant la fin de leur mandat. Fatigue, conflits, déceptions… Pourquoi la fonction de maire ne fait-elle plus rêver ?
Une ampleur "sans précédent" : avec près de 2 200 démissions depuis 2020
Crédit : Istock
La France traverse une crise silencieuse mais lourde de conséquences : depuis juillet 2020, 2.189 maires ont quitté leur fonction. Cela représente 6 % des édiles municipaux, soit plus d’un par jour. Une réalité inquiétante mise en lumière par une étude de l’Observatoire de la démocratie de proximité (AMF-Cevipof/SciencesPo), publiée ce jeudi par ICI, franceinfo, Le Monde et l’AFP.
Entre 2008 et 2026, le rythme des démissions a été multiplié par quatre. Le pic a été atteint en 2023 avec 613 départs, la plupart volontairement, révélant une profonde crise de vocation.
Les raisons d’un renoncement
Première cause de démission : les conflits internes. Près d’un tiers des départs (30,9 %) trouvent leur origine dans des tensions avec les membres du conseil municipal. Le contexte post-Covid, perturbateur des dynamiques de groupe, a accentué les dissensions, parfois même au sein de la majorité.
Dans 13,7 % des cas, les maires avaient prévu de passer la main à mi-mandat. Souvent des seniors ayant servi longtemps, ils laissent la place à de nouveaux élus dans des communes, notamment celles de moins de 500 habitants.
Autre facteur de poids : la santé, physique (13,1 %) ou mentale (5,1 %). Burn-out, pression constante, fatigue… Être maire n’est pas un long fleuve tranquille. Près de 83 % jugent leur mandat nocif pour leur santé.
Et demain ?
Les auteurs de l’étude tirent la sonnette d’alarme : cette vague inédite remet en cause l’attractivité de la fonction. Le poste de maire, autrefois symbole de proximité et d’honneur républicain, devient ingrat, voire décourageant.
Mais l’espoir subsiste : “près d’un Français sur 50” accepte encore de figurer sur une liste municipale tous les six ans. Un sursaut démocratique reste donc possible, à condition de mieux accompagner et valoriser ces piliers de la République que sont nos maires.
Publié : 19 juin 2025 à 19h22 par Titouan GUIBERT