« Loire-Atlantique en Bretagne ? Le débat qui renaît (avec ses dosages crêpe-cidre) »

Le dossier du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne refait surface en 2025, avec débats publics, étude d’impact et décisions juridiques. À mi-chemin entre revendication historique et obstacles administratifs, le sujet s’épaissit (mais sans se tartiner).

Bretagne à 5 départements

La Loire-Atlantique faisait partie du duché puis de la province de Bretagne jusqu’en 1941, quand le régime de Vichy redessina les circonscriptions régionales et la plaça dans ce qui allait devenir les Pays de la Loire. En 1956, la création des régions administratives conforta cette configuration. Depuis, le débat n’a jamais vraiment disparu, surtout dans les rangs des associations comme B5 (Bretagne à 5 départements) ou Bretagne Réunie qui militent pour « reconstruire » la Bretagne historique.


Au présent : où en sont les acteurs ?


En 2024, la Région Bretagne et le Département de Loire-Atlantique ont cofinancé une étude d’impact de 93 pages pour évaluer les effets d’un rattachement potentiel (transport, culture, institutions). Ce rapport, neutre dans ses conclusions, vise à « éclairer » le débat public sans trancher. Parallèlement, en 2025 la ville de Nantes a annoncé l’organisation de débats publics dans la Loire-Atlantique, Rennes et d’autres communes, à l’approche des municipales.


Mais tout ne va pas comme sur un fay de galettes : le 30 avril 2025, le Conseil d’État a rejeté la requête de l’association Bretagne Réunie pour organiser une consultation des électeurs, estimant que la modification des limites régionales dépasse les compétences d’un conseil départemental.


Dans les cœurs : chiffres et ressentis


Les sondages montrent que le sentiment de « bretonneté » est encore bien présent : 79 % des Nantais interrogés déclarent se sentir Bretons, et ce chiffre monte à 82 % dans l’ensemble de la Loire-Atlantique. Une enquête TMO (2025) révèle que 53 % des Ligériens sondés sont favorables au rattachement, tandis que 47 % des Bretons y sont favorables (31 % y sont opposés). D’autres sondages antérieurs avaient montré des taux encore plus élevés — jusqu’à 75 % en faveur dans le 44 ou 70 % en Bretagne.


Par ailleurs, 66 % des habitants des Pays de la Loire estiment légitime qu’un référendum soit organisé, et 67 % des Ligériens voteraient « oui » en cas de scrutins.


Les freins : juridiques, institutionnels (et un peu de sang froid)


Le principal obstacle reste juridique : le Conseil d’État a clairement jugé que l’acte de rattacher un département à une autre région relève d’une compétence nationale, non départementale. De fait, même si les collectivités locales à l’ouest poussent le dossier, il leur faudra que l’État inscrive ce projet dans une loi pour qu’il devienne effectif.


Reconcilier budgets, compétences (transports, formation, culture…) et redistributions entre collectivités sera un casse-tête redoutable. Et puis il y a aussi la question des identités : certains craignent que Nantes et Rennes se disputent le rôle de capitale, ou que l’on crée une Bretagne “périphérique”.


Le rêve d’une Bretagne « à cinq départements » ne relève pas seulement de la nostalgie : il repose sur des études récentes, un appétit dans les sondages et une volonté locale. Mais pour l’instant, le dossier reste au stade de la discussion (et du débat de bistrot). Si le soleil se couche sur ce territoire administratif, il faudra bien plus qu’un Gwenn ha Du pour rallumer la flamme.


 

Publié : 14 octobre 2025 à 8h49 par
Gwen BROT