Éoliennes en mer : la révolte gronde sur les côtes bretonnes et ligériennes
Manifestations, tensions en mer, inquiétudes locales… Les projets d’éolien offshore se multiplient entre Loire-Atlantique et Morbihan, mais la contestation monte.
Éolien en mer : sur les côtes de l’Ouest, la contestation prend le large
La façade atlantique est au cœur de la stratégie française pour les énergies renouvelables. L’objectif est ambitieux : cinquante parcs éoliens en mer d’ici 2050. La Bretagne et les Pays de la Loire concentrent à elles seules plusieurs projets majeurs.Le parc de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, a été le premier à entrer en service. Il alimente désormais l’équivalent de 700 000 habitants en électricité. D’autres sites sont en cours de développement, comme celui prévu entre les îles d’Yeu et de Noirmoutier, ou encore au large de Groix et Belle-Île, dans le sud du Morbihan.
Mais sur le littoral, la perspective de voir pousser des forêts d’éoliennes en mer suscite une résistance de plus en plus organisée.
Une mobilisation qui prend de l’ampleur
Les pêcheurs, les agriculteurs, les riverains… Tous ne partagent pas l’enthousiasme des décideurs. Ce samedi 28 juin, une grande manifestation est annoncée à Erdeven, dans le Morbihan. À l’appel de plusieurs collectifs, dont les « Gueux » ou l’AALLPA, les opposants entendent faire entendre leur voix.
Au programme : rassemblement dès 10 heures sur la plage de Kerhillio, suivi d’un pique-nique revendicatif, puis d’une marche en direction de la mairie. Une manière de montrer que la résistance ne faiblit pas, bien au contraire.
Pêcheurs en colère, riverains inquiets
Sur les quais de Saint-Nazaire comme dans les ports bretons, la colère gronde. Les pêcheurs dénoncent la perte d’accès à certaines zones de pêche, et les perturbations engendrées par les travaux en mer. À Saint-Brieuc, en 2021, des actions coup de poing avaient marqué les esprits : des bateaux avaient encerclé une plateforme de forage, soutenus par des centaines de manifestants à terre.
Les habitants, eux, redoutent l’impact visuel et sonore des installations, qui pourraient selon eux altérer l’attractivité touristique du littoral. Même certaines associations écologistes s’inquiètent des effets sur la faune marine, notamment les oiseaux migrateurs et les mammifères marins.
Dialogue difficile
Face à cette fronde, les porteurs de projets tentent de rassurer. Des réunions publiques sont organisées, des comités de suivi mis en place, des études d’impact menées. Mais pour les opposants, cela ne suffit pas. Beaucoup dénoncent un dialogue de façade, et le sentiment que les décisions sont déjà prises.
En Loire-Atlantique comme dans le Morbihan, plusieurs recours en justice ont été engagés. Certains projets sont même temporairement suspendus, dans l’attente de nouvelles autorisations.
Une bataille qui ne fait que commencer
Entre urgence climatique et défense des territoires, le bras de fer s’intensifie. Les éoliennes en mer ne sont plus seulement un enjeu énergétique : elles sont devenues un symbole des fractures entre Paris et les territoires, entre transition écologique et démocratie locale.Sur les plages de l’Ouest, la résistance s’organise. Et les vents pourraient bien tourner.